« Nous nous faisons l’écho de la clameur des gens qui demandent un changement politique face à la détérioration de la situation ».
Face à l’extrême situation de crise politique, économique, alimentaire et sanitaire que subit le Venezuela, les évêques du pays ont publié mardi un communiqué, signé par la Présidence de la Conférence épiscopale du Venezuela. Leur volonté est de se placer en tant que « bergers » et de porter « les clameurs et les désirs de nos communautés », pour réclamer « justice », « paix », « liberté » et « vérité ».
MENSAJE AL PUEBLO DE DIOS Y A LAS PERSONAS DE BUENA VOLUNTAD EN VENEZUELA “TENGO SED” (Jn 19,28)MENSAJE AL PUEBLO...
Geplaatst door Conferencia Episcopal Venezolana op Dinsdag 2 april 2019
Ces 13 points constituent un « message au peuple de Dieu et aux personnes de bonne volonté au Venezuela ». Intitulé « J’ai soif », selon le verset de l’évangile de Jean, ce communiqué commence par réaffirmer « la dignité de la personne humaine et ses droits inaliénables ».
« Notre préoccupation s’adresse à tous et à chacun des hommes et femmes du Venezuela, en particulier ceux qui se sentent abandonnés et souffrent des calamités de la crise actuelle. Nous réaffirmons la dignité et la centralité de la personne humaine, en rappelant ce que nous enseigne la parole de Dieu sur l’acte créateur de la personne humaine : ‘faisons l’ homme à notre image et à notre ressemblance’ (Genèse 1:26). »
Les évêques dénoncent ensuite les « crimes contre l’humanité », rappelant que « cela a été fait dans notre patrie sous le regard complaisant des autorités », qui sont « responsables devant la loi humaine, mais, surtout, devant Dieu ». Ils citent alors :
« le meurtre et la répression des autochtones Pemons et d’autres ethnies du sud du pays [...] ; l’expulsion forcée des colombiens et des vénézuéliens [...] ; l’emprisonnement ou une autre privation grave de la liberté physique en violation des normes fondamentales ; la torture qui est faite contre des détenus pour des raisons politiques ; l’imposition intentionnelle de conditions de vie comme la privation de l’accès à l’alimentation et aux médicaments ; la disparition forcée de personnes, c’est-à-dire l’arrestation, la détention ou l’enlèvement par l’État, avec son autorisation, son soutien ou son acquiescement, suivi du refus de faire rapport sur la situation et le lieu de détention. »
Ils font ensuite appel à l’armée nationale, évoquant sa fonction de « service exclusif de la nation » et ses obligations de « défendre les droits de l’homme de tous les citoyens sans exception ».
« Les membres de la force armée nationale bolivarienne doivent connaître, respecter et faire respecter les dispositions juridiques nationales et internationales relatives aux droits de l’homme. »
Les prélats expriment ce qui est pour eux un sujet de « préoccupation profonde », la panne électrique nationale, qui « aggrave encore la crise de l’approvisionnement et de la conservation des aliments et des médicaments », auquel s’ajoute « problème du manque d’eau potable ». Ils affirment que le pays « menace de dégénérer en une situation sanitaire à caractère catastrophique ».
Ils dénoncent ensuite « l’illégitimité du régime », faisant également référence aux répressions liées aux diverses manifestations.
« Il est nécessaire de reconnaître la légitimité juridique et morale de l’Assemblée nationale pour entreprendre des chemins de compréhension et de solution. Il est grave, illégal et irresponsable d’appeler les ‘collectifs’ à réprimer les gens lorsqu’ils revendiquer légitimement leurs droits fondamentaux. »
Les derniers paragraphes du communiqué font état de la « conversion nécessaire », rappelant la parabole du fils prodigue.
« L’appel de Dieu est au changement de vie. »
Pour eux, le « processus de réconciliation » est essentiel :
« Nous sommes appelés à changer, à nous réconcilier et à risquer de mettre en pratique la loi de l’amour fraternel. Au Venezuela, nous nous faisons l’écho de ce mot de salut et nous voulons assumer, pas l’attitude du fils aîné de la parabole, mais celle du père qui reçoit, purifie, pardonne et re-crée la communion entre tous. »
Leur constat est sans appel, « il n’y a pas de temps à perdre : il est temps pour le changement exigé par l’immense majorité des vénézuéliens, pour la rencontre, pour l’ouverture des esprits et des cœurs. »
« Pour cela, il faut tendre des ponts et abattre des murs de division, dans l’édification d’une patrie qui soit la maison pour tout le monde. C’est notre défi. »
M.C.
Crédit Image : Myriam B / Shutterstock.com